Le Corail
Les coraux sont des animaux pluricellulaires (Eumétazoaires), de l’embranchement des Cnidaires, de la classe des Anthozoaires.
Au sein des Anthozoaires, ils peuvent faire partie des Alcyonaires (Alcyonacés = « coraux mous », mais tous ne le sont pas!), ou des Zoanthaires (Scléractiniaires = « coraux durs »).
On peut séparer les coraux en deux catégories, suivant qu’ils hébergent ou non des algues symbiotiques dans leurs tissus :
- les coraux hermatypiques vivent en symbiose avec des zooxanthelles, qui ont besoin de lumière, donc à faible profondeur.
- les coraux ahermatypiques, dépourvus de zooxanthelles, n’ont donc pas besoin de lumière et peuvent vivre en profondeur.
En aquariophilie récifale, on distingue également deux catégories de coraux durs (Scléractinaires) :
- les coraux durs à petits polypes, en anglais : Small Polyps Stony corals ou Small Polyps Scleractinians (SPS), par exemple : Acropora spp.
- les coraux durs à grands polypes, en anglais : Large Polyps Stony corals ou Large Polyps Scleractinians (LPS), par exemple : Euphyllia spp.
source : wikipedia
La légende
Dans la mythologie grecque, existaient trois soeurs, les gorgones. Deux d’entre elles étaient des monstres et l’une était très belle, Méduse. On disait d’elle que ses yeux bleus avaient la clarté d’un lac et que ses cheveux blonds rappelaient les champs de blé.
Poséidon tomba amoureux de Méduse et l’entraîna une nuit dans le temple d’Athéna. La déesse offensée métamorphosa Méduse en un monstre dont les traits furent ceux d’une très vieille dame, sa belle chevelure devint des serpents hideux et son regard devenu terne transformerait en pierre quiconque la regarderait.
Le jeune Dieu Persée décida d’aller tuer Méduse qui s’était réfugiée dans une île lointaine. Athéna lui confia son bouclier de bronze poli, brillant comme un miroir pour apercevoir Méduse, en reflet, sans la regarder en face.
Hermès lui remit une serpe tranchante et une besace de cuir. Le jeune Persée se procura le casque d’Hadès qui rendait invincible ainsi que ses sandales ailées.
Grâce à l’aide des Dieux, Persée réussit à approcher la Méduse qui vivait dans une grotte. Ses mains saisirent les serpents qui remplaçaient ses cheveux et d’un coup de serpe, il lui trancha la tête. De la tête de Méduse décapitée jaillirent Pégase, le cheval ailé et Chrysaor, le guerrier à l’épée d’or, tous deux enfants de Poséidon.
La légende raconte que du sang qui s’écoula de la tête de Méduse et se répandit dans la mer, naquit le corail.
Le pouvoir
Du cadeau de naissance à la parure prestigieuse, de l’amulette contre le mauvais oeil au médicament vanté par les médecins de la Grèce Antique comme Dioscoride (40-90), Galien (131-201) et repris par la médecine arabe médiévale avec Avicenne (980-1037), le pouvoir du corail rouge a voyagé dans le temps et l’espace.
Unique, il porte en lui le magnétisme de la pierre précieuse et le Mystère de la mer. Celui qui touche au corail est pris par le charme.
Geneviève Peres
Le corail fascine les hommes depuis la préhistoire. Les premières traces de son usage remontent au Paléolithique (20000 av.JC).
Produit des Dieux issus des profondeurs marines, une telle origine lui confère forcément des pouvoirs magiques. Représenté sur des peintures murales, sur des vases, sous forme de bijoux et d’objets divers, il sera très présent chez les Égyptiens, les Grecs et les Romains pour qui il protège les récoltes, donne à la terre sa fertilité, défend les navires contre la foudre, éloigne la haine de la maison.
Le corail rouge conjugue ainsi les forces bénéfiques des trois règnes, minéral, végétal et animal. Il concentre en lui toutes les énergies cosmiques, et développe le magnétisme personnel de celui qui le porte.
La croyance en ses pouvoirs s’est perpétuée tout au long de l’époque médiévale : il était par exemple d’usage de cacher dans sa bourse un morceau de corail comme talisman contre la sorcellerie. ses vertus médicinales étaient supposées nombreuses. Sous forme de poudre par exemple, il était introduit dans la bouillie des bébés afin de les protéger contre les épidémies
Jusqu’au début du 20e siècle, il était porté en Italie par les femmes comme remède à la stérilité.
Appelé Arbre des eaux, sa couleur rouge l’apparente au sang. Les anciens lui accordaient le pouvoir de d’arrêter les hémorragies alors que pour les Chrétiens, il symbolisera bien sûr, le sang du Christ.
Dans la tradition arabe il était utilisé contre la dysenterie, comme collyre, et même comme dentifrice!
Considéré par les Tibétains et les Indiens d’Amérique comme une pierre sacrée, il symbolise « l’énergie de la force vitale » et protège du mauvais oeil. Il est l’un des 7 joyaux dans le boudhisme sino-japonais.
Les Corses, superstitieux par nature, ont trouvé dans le «sang de la mer», comme ils le surnomment parfois, un allié séculaire pour conjurer le mauvais sort. Aujourd’hui encore, La Main «Figa», une main serrée avec le pouce entre l’index et le majeur, taillée dans du corail rouge, est traditionnellement offerte aux enfants à leur naissance en guise de porte bonheur.
On ne peut cependant pas acquérir la « Main Figa » pour soi-même. On doit la recevoir en cadeau. Vous pourrez ainsi l’offrir à quelqu’un à qui vous souhaitez la bonne fortune.
Enfin, dans le folklore français, les noces de corail symbolisent les onze ans de mariage ; la tradition veut que les conjoints s’offrent à chacun un morceau ou un bijou en corail.
Histoire naturelle
Comme beaucoup d’animaux marins, le corail rouge a d’abord était identifié comme un végétal : Ovide, poète latin du premier siècle av. JC, décrit une plante molle dans l’eau, dure dans l’air.
C’est le naturaliste italien Luigi-Ferdinando Marsigli en 1705 qui le premier observe des polypes vivants qu’il prend cependant pour petites fleurs blanches à huit pétales.
D’autres comme Dioscoride (1er siècle) étaient persuadé de sa nature minérale avec ses rameaux qui se pétrifiaient au contact de l’air, ou encore Paulo Boccone, botaniste italien du XVIIe siècle, qui jugeait que « le corail doit être mis sous le genre des Pierres, et non sous celui des plantes ».
Mais dès le XVIe siècle, Guillaume Rondelet, fondateur de la biologie marine, hésite et le range parmi les Zoophytes, organismes fantaisistes qu’il situe entre les animaux et les plantes.
Ni végétal, ni minéral, le corail ne révèle enfin sa nature animale qu’au XVIIIe siècle, grâce aux travaux d’un jeune médecin marseillais (1725), Jean André Peyssonnel. « Ce que l’on pense être la fleur de cette soi-disant plante n’est rien d’autre qu’un petit insecte ressemblant à une petite ortie ou à un poulpe. Cet insecte se déplie dan l’eau et se ferme dans l’air. J’ai eu le plaisir de voir les jambes ou pieds de cette ortie bouger.» Mais comme tout précurseur, ses découvertes ne furent reconnues par la communauté scientifique que plus tardivement, vers 1742.
16 ans plus tard, le corail fait son entrée officielle dans la nomenclature zoologique de Linné sous le nom de Madrepora rubra (du genre des madrépores observés alors en Guadeloupe) mais c’est Jean Baptiste de Lamarck qui le baptise définitivement Corallium rubrum dans son «histoire naturelle des animaux sans vertèbres» (1816) en le répertoriant dans un autre genre.
Classification
Dans la classification, Corallium rubrum fait partie de l’embranchement des cnidaires (du grec knidos, ortie) qui regroupent des animaux aussi différents que les méduses, les anémones de mer, les gorgones ou encore les madrépores constructeurs de récifs coralliens.
Un des traits caractéristiques communs à tous les cnidaires est la présence par milliers sur les tentacules, de cellules urticantes, les cnidocystes, que l’on pourrait assimiler à des seringues microscopiques remplies de venin et qui se déclenchent au moindre contact. Leur fonction est de paralyser les proies dont se nourrit l’animal et accessoirement d’infliger au baigneur malchanceux une douleur cuisante voire pire pour certains.
Les cnidaires regroupent pas moins de 9000 espèces réparties en trois classes dont celle du corail rouge, la plus importante, appelée Anthozoaires (littéralement les fleurs-animaux, étonnant, non?)
C’est dans cette classe que l’on trouve les coraux : ceux à 6 tentacules (ou multiples de 6), les hexacoralliaires, et ceux à 8 tentacules, les octocoralliaires, groupe de notre Corallium rubrum.
Le genre Corallium se trouve dans la plupart des mers tropicales et subtropicales ; 5 espèces vivent dans l’océan Atlantique et une seule dans la Méditerranée. Devinez laquelle !
Une trentaine d’espèces d’octocoralliaires est désignée par l’expression “coraux précieux”. Elles se trouvent dans des milieux géographiques et bathymétriques très divers, eaux tropicales, subtropicales et tempérées de tous les océans et à des profondeurs de 10 à 5 000 mètres.
Celle qui a la plus forte valeur commerciale est le Paracorallium japonicum, l’Aka ou Sang de bœuf, qui vit au Japon. Certains de ces coraux précieux, qui vivent à plus de 1000 m de fond dans le Pacifique, peuvent atteindre plus d’un mètre de haut et un poids de plusieurs dizaines de kilos, alors que Corallium rubrum ne fera guère plus que quelques centaines de grammes
La couleur de ces Corallium et Paracorallium travaillés en bijouterie va du rouge profond (Aka, P. japonicum), au rose (peau d’ange, C. secundum) et au blanc (C. konojoi d’Atlantique).
Quelques hexacoralliaires sont aussi désignés comme «coraux précieux» : le corail noir (Anthipates subpinnata), qui a un squelette corné noir non minéralisé et le corail d’or ou gold coral (Savalia savaglia), deux espèces relativement rares et qui vivent en Méditerranée et en Atlantique.
Biologie
Si l’anatomie du corail est relativement simple, certaines de ses fonctions restent encore mystérieuses.
Le corail rouge est un animal colonial, constitué de nombreux petits polypes blancs de quelques millimètres de haut, répartis autour d’un squelette calcaire rouge interne, seul vestige après la mort de la colonie.Quand la colonie est déployée, le pied de corail ressemble à un arbuste garni de fleurs blanches.
Alors que ses cousins tropicaux constructeurs de récifs ont besoin de lumière pour vivre et élaborer leur imposant squelette, le corail rouge se développe plutôt à l’ombre (sciaphile).
En contrepartie, sa croissance est beaucoup plus lente : quelques millimètres par an par rapport à plusieurs centimètres pour les coraux tropicaux ! Ainsi une colonie de 20 à 30 cm peut donc être âgée de plus d’un siècle.
Près de la surface, il vit dans des grottes ou des petites cavités, et plus en profondeur, il occupe des parois surplombantes ou verticales. Il peut même se trouver sur des roches profondes (jusqu’à plus de 250 m) peu inclinées quand les courants sont suffisamment forts.
Le corail rouge est en effet dépendant des courants pour se nourrir : il attend passivement que les petits animaux du plancton et les particules organiques viennent se «coller» aux petites tentacules des polypes armées de milliers de cellules pleines de venin paralysant. Les tentacules qui entourent la bouche ramènent alors la nourriture vers cet orifice unique. C’est par ce même orifice que l’animal expulse ses déchets
Le squelette est recouvert d’une fine couche de tissus comme un doigt de gant. Seul ce squelette formé de carbonate de calcium cristallisé sous forme de calcite et dont la couleur caractéristique est due à la présence de pigments caroténoïdes (et non à l’oxyde ferrique comme on l’a longtemps cru) a une valeur commerciale.
Les polypes, qui ne sont qu’une partie de l’animal, peuvent s’y rétracter complètement dans de petites loges, disparaissant totalement à la vue. Les cycles d’ouverture / fermeture des polypes, tout comme leur fonction exacte sont là encore mal connus (Russo et al., 1993).
Sa reproduction est essentiellement sexuée mais des colonies peuvent se former à partir de branches brisées, ce qui contribue à maintenir l’espèce et à la disperser autour des colonies déjà existantes.
Les sexes sont séparés : il existe des branches mâles et des branches femelles mais aussi des branches hermaphrodites. Les cellules sexuelles sont matures au début de l’été. les spermatozoïdes émis par le polype mâle nagent à la rencontre d’un polype femelle à l’intérieur duquel la fécondation aura lieu. Il naîtra une jeune larve, qui se développera pendant trois semaines environ dans le polype avant de sortir en pleine eau : le corail rouge est donc vivipare.
Une fois sorties les larves vont nager jusqu’à ce qu’elles rencontrent un substrat favorable à leur métamorphose, dont les mécanismes et le contrôle sont totalement inconnus. Comme la larve semble insensible à la lumière, l’absence de corail rouge dans les zones éclairées pourrait résulter d’une forte compétition entre les jeunes colonies et les autres «locataires» comme les algues.
Après sa métamorphose, la jeune larve commence à édifier un squelette : une nouvelle colonie de corail est née. La maturité sexuelle des premiers polypes sera atteinte au bout de 2 ans environ. Si la croissance des jeunes colonies est plutôt rapide au début, elle semble se réduire après quelques années.